La première fois que j'ai été à une expo de Robert Combas j'ai frolé le décès oculaire.
J'avais 15 ans j'ecoutais les Doors, LedZep et les Grateful Dead, des foulards mités autour du cou et des cheveux longs méchés oranges dans la figure
Depuis longtemps déjà mon oncle et ma tante me trainaient durant l'été aux expos et vernissages divers et variés qui fleurissent dans le Sud de la France le temps d'une saison. Bien entraînée j'y allais comme on rentre dans un grand magasin, flânante, regardant à peine, l'oeil torve. Plus interessée par les questionnements existentiels du moment "Jim Morrison m'aurait -t- il épousée MOI s'il m'avait connue?", "Alexis va-t-il craquer pour moi ou pour Florence?" "et "que fait Gisèle ma meilleure amie pour toujours? pendant que je traine mes pataugas vintage 70's au milieu de ces tableaux" que par l'environnement artistique ou la possibilité d'apprendre quoique ce soit...
Et SOUDAIN!....
ROBERT COMBAS a apporté à l'aube des années 80 une nouvelle peinture figurative.Présent sur la scène artistique dès 1979 il est le créateur d'un mouvement que Ben appela "LA FIGURATION LIBRE", mouvement regroupant : Rémi Blanchard, François Boisrond, Robert Combas et Hervé Di Rosa.
Peinture faite de libertés elle parle de la société, de la violence, de la sexualité, de la souffrance des gens, de leurs petits bonheurs, de leur petitesse, de leur grandeur ...
Elle s'inspire du rock dont l'artiste est un fin amateur, des images populaires, des livres d'enfance, des manuels scolaires de tout ce qui fait une culture populaire accessible à tous
Combas fut une rencontre...terrible...j'ai du sortir en courant de la salle d'expo car mon estomac est remonté directement dans mon cerveau.
Le genre de rencontre ou vous vous jurez d'éviter la personne pour le restant de vos jours. Et de ne plus mettre les pieds ni à un vernissage ni à une expo!!! Fut-elle de Turner...
16 ans ont passé...nous nous sommes depuis souvent retrouvés par le biais d'expos et toujours, malgré le premier frisson d'émoi effaré, pour mon plus grand plaisir...j'écoute toujours les Doors et Ledzep (meme si je sais maintenant que Jim Morrison ne m'aurait JAMAIS épousée, et que Gisèle n'est pas du tout "ma meilleure amie pour toujours"). MAIS depuis Je "regarde" différemment et sans cette rencontre entre Combas et mon estomac je suis sure que cela ne serait pas arrivé aussi vite !
Par la suite je me suis mise à aller aux expositions de moi même et à chercher à nouveau ce "choc" cette intensité visuelle, physique....tripale?
Par chance je suis encore très souvent "choquée" et heureuse de l'être mais plus jamais avec cette première intensité "Combasienne" laquelle a finalement préfiguré l'ouverture des mon esprit sur l'expression artistique.
http://www.combas.com/index_fr_large.shtml
Né le 25 mai 1957 à Lyon, Robert COMBAS passe son enfance et adolescence à Sète. Depuis 1980 il vit et travaille en région parisienne.
Robert Combas : Il manipule les images de la vie quotidienne, tout en y mêlant références historiques et mythologiques. Cultivant un style inspiré de la bande dessinée et du graff, il crée une peinture tantôt désinvolte et humoristiques, tantôt violente et sensuelle."
Le Petit Larousse - Edition 2005
Moi, je travaille des fois abstrait par jets de peinture, une sorte d'expressionnisme abstrait. Le figuratif c'est le côté amusant, pied sur terre; au départ c'était une réaction dérisoire contre les peintures intellectuelles du milieu de l'art des années 70. Moi je viens du milieu populaire, je vivais dans deux mondes différents
. Il y a quand même des messages dans ma peinture : au départ c'est une certaine énergie, j'ai voulu peindre ce que je voulais. Dans la B.D on est coincé par les personnages, tandis que, dans cette peinture, je suis libre complètement libre, même par le format. "
Robert Combas, entre liberté et provocation.
"La peinture de Robert Combas est perpétuellement en éveil tout comme un organisme. Son oeuvre est en effet une structure constamment ouverte et qui, pour cette raison, a besoin continuellement de "nourriture" pour rester en vie. Il va sans dire qu'un tel phénomène n'est pas possible sans la présence de "l'autre" c'est dire du spectateur. Entre ce dernier et l'oeuvre de Combas se tisse une relation de complémentarité où l'un a besoin de "l'autre". Et l'image est ce moyen qu'utilise Robert Combas pour "provoquer", pour obtenir une réaction du spectateur et pour "inviter" ensuite, c'est-à-dire lui souffler : "Viens donc parler avec moi je veux te raconter la stupidité, la violence, la beauté, la haine, l'amour, le sérieux et le drôle, la logique et l'absurde qui entourent notre vie quotidienne".
Le langage artistique ne s'arrête pas aux frontières de l'"intime". Bien au contraire, c'est en partant de cet élément "intime" qu'il va alors le dépasser pour devenir "social". Un langage qui, en même temps, est une attitude positive ; car au-delà des scènes de violence ou d'intense sexualité, au-delà de la combinaison image mot (ou phrase), l'oeuvre de Robert Combas est avant tout un geste. Ce geste n'a aucune base didactique (le sujet n'est pas l'épicentre) mais est un comportement qui a soif d'élargir son champs d'action bien au-delà des frontières closes d'un langage de l'Histoire de l'Art, pou se tourner vers ce qui, jusqu'à maintenant, avait été méprisé par l'élite qui dominait l'art durant la période des années 70 : les dessins d'enfants, des fous, les bandes dessinées, la musique rock. L'enfantin, n'est en fait rien de plus qu'une stratégie : celle d'un peintre qui veut agrandir le terrain d'action de son iconographie. Et c'est l'oeuvre de Robert Combas : le comportement d'un peintre, qui, se trouvant en constante évolution, devient attitude. Une attitude qui ne se contente pas d'âtre essentiellement "artistique", mais se veut aussi "sociale". C'est à dire une attitude critique."
Demosthènes Davvetas. Paru dans "DIALOGUES", éditions Au même titre. Septembre 1997